22 juillet 2022 Drôme Viticulture

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Le témoignage de Christine, viticultrice

Présentation

Département, région : Drôme
Altitude de la ferme : 450m

La paysanne : Christine, exploitante agricole
Age : 61 ans
Date d'installation : Janvier 2002

Les productions :

Vigne pour raisin de table 1 ha 15 variétés

Les labels : Agriculture Biologique (AB)
Les commercialisation : Vente directe sur les marchés et à la ferme
Le nombre d'actif.ves : Une seule active, Christine, pour environ un mi-temps annualisé.

Le contexte pédo-climatique et sanitaire de l’exploitation

La vigne est implantée sur un sol argilo-calcaire très peu profond, entre 30 et 40 cm de terre qui reposent sur de la marne. De nombreuses sécheresses ont affaibli la végétation. Avec le dérèglement climatique, les dates de maturité ont avancé. Même si je n’ai pas encore été très impactée, je m’attends aussi à traverser des périodes où il fait très chaud et avec des gelées.
Concernant la pression sanitaire, je fais évidemment très attention à la pression mildiou / oïdium. Cependant la pression oïdium s’est beaucoup réduite par rapport aux premières années de mon installation. Soit du fait que ma vigne vieillit et a perdu en vigueur soit du fait que j’utilise de mieux en mieux les préparations. Ou un mélange des deux.
Un de mes plus gros soucis est celui des chenilles mange-bourgeons au printemps et des guêpes et surtout des guêpes et frelons pendant la production du raisin. Pour l’instant, je n’ai pas trouvé de solutions à cette difficulté. Enfin, depuis deux ans, les oiseaux posent aussi pas mal de problème, sans réponse non plus pour l’instant.

Commentaires supplémentaires

Ce n’est pour l’instant pas une ferme qui fait vivre une famille. Un salaire vient de l’extérieur. Cela a été un choix au moment de l’installation. Aujourd’hui, dans le cadre de la transmission, de jeunes repreneurs développent d’autres productions (chèvres fromages fermiers, nouvelles plantations, etc).

Début de l’utilisation

J’y ai porté un intérêt dès l’installation mais ai commencé vraiment en particulier quand j’ai commencé à m’intéresser à la biodynamie. J’ai essayé petit à petit chaque année principalement des préparations à base de plantes, ce qui m’apparaissait être le moins complexe, avant de passer en biodynamie.

Formations et informations

J’ai suivi plusieurs formations tout au long de mon activité. Je cherche aussi beaucoup dans les livres et échange avec d’autres utilisateur.rices.

Stratégie globale d’utilisation des PNPP

De manière générale j’applique mes PNPP quasi toujours en même temps qu’une application de soufre ou de cuivre. Sauf en tout début de saison où je fais parfois une première application de décoction de prêle et tisane de pissenlit sans cuivre ni soufre. J’utilise la prêle et l’ortie de manière systématique et spécifique pour l’oïdium et le mildiou. Pour les autres plantes, je prépare des tisanes avec une ou plusieurs plantes. Mon idée principale avec ces tisanes c’est de brouiller les pistes les prédateurs donc j’applique des plantes différentes à différents moments, dans l’idée que, perturbés, ils attaquent moins fort. Je choisis de faire de plus en plus mes tisanes en fonction des plantes qui poussent sur mon terrain. Par exemple, l’année dernière j’avais une très belle sauge en fleur avec un parfum assez fort. J’ai donc préparé une tisane pour une application dans l’idée d’utiliser cette essence. J’utilise aussi régulièrement des préparations biodynamique comme l’extrait de valériane en prévention du gel. Depuis peu, depuis que des chevriers utilise une partie de mes terres, j’utilise du petit lait aux périodes où il est disponible. Cela remplace le savon et installe un climat un peu acide, moins propice aux champignons, et occupe le terrain, laissant moins de place à ces derniers.

Autres pratiques pour faire face à la pression sanitaire

De manière générale, je fais très attention à ce qu’il y ait le moins de blessures possibles sur la vigne. Je passe du temps à bien nettoyer les fils entre les piquets afin d’éviter le déchiquetage des feuilles par les vrilles de la vigne. Cela limite les portes d’entrées pour les champignons. C’est une pratique qui prend du temps mais qui est faisable sur 1 hectare. J’essaie aussi d’écimer la vigne le plus tardivement possible, pas avant le mois de juillet, le moment où la vigne arrête de mettre son énergie dans la végétation. Quand on écime trop tôt, des entrecoeurs repoussent ce qui crée des nids bien chaud et humides favorables au développement des champignons. Concernant le sol, mes inter-rangs sont totalement enherbés. Je fais un à deux passages en hiver avec des griffes pour casser le chevelu racinaire et aérer. Et dans la saison je réalise deux voire trois passages pour broyer.

Perception de l’efficacité et améliorations ou échecs constatés avec les PNPP

C’est une question assez compliqué dans la mesure où, ayant une grande diversité de variétés sur une petite surface, je ne peux pas faire de zone témoin. Cependant, depuis mon installation, j’ai aujourd’hui beaucoup moins de soucis avec l’oïdium et le mildiou. J’ai aussi beaucoup baissé mes doses de cuivre et de soufre et amélioré ma compréhension du fonctionnement de mon végétal et de mon système. Est-ce que c’est parce que je maîtrise mieux qu’avant ma stratégie sanitaire ? Ou parce que ma vigne est moins vigoureuse ? Quoiqu’il en soit de nombreuses personnes qui m’achètent le raisin me disent qu’il a une belle énergie, et cela me plait bien !

Origine des préparations

Préparées sur la ferme. Les préparations biodynamiques sont préparées en collectif deux fois par an sur une ferme du secteur.

Origine des substances et plantes utilisées

Cueillette sur la ferme et dans la campagne environnante.

Les substances et plantes utilisées

Nom commun Nom Latin Commentaire
Achillée millefeuille Achillea millefolium Alimentaire
Consoude officinale Symphytum Alimentaire
Millepertuis Hypericum perforatum Alimentaire
Ortie Urtica Alimentaire
Petit lait / Substance de base
Pissenlit Taraxacum officinale Alimentaire
Prêle Equisetum Arvense Alimentaire
Sauge officinale Salavia officinalis Alimentaire
Savon noir / Pour l’adhérence
Sureau noir Sambucus Alimentaire

Les modes de préparations utilisés

Tisanes, décoctions et préparations biodynamiques (500, 501, 507)

Eau utilisée

Au maximum de l’eau de pluie. Quand cela n’est pas possible de l’eau du robinet avec ajout de vinaigre car elle est très calcaire. A noter que notre eau du robinet est une eau de source traitée par UV, sans traitement chimique.

Matériel utilisé

Grandes gamelles assez hautes en inox ; passoire et vieux tissu très fin pour filtrer ; grand fouet de cuisine pour les mélanges ; seau pour faire les mélanges ; balance.

Temps passé à la fabrication et/ou l’utilisation des PNPP

Non estimé mais les filtrations prennent du temps (eau de pluie, tisanes, petit lait).

Matériel d’application

Deux pulvérisateurs à dos dont un dans lequel il n’y a jamais de cuivre ni de soufre pour les préparats biodynamiques ; un tracteur avec un pulvérisateur.

Moyen et durée de stockage des plantes / substances

Dans des boites à chaussures empilées ou dans des sacs en papier sur des étagères dans un local fermé. Des bidons pour l’eau de pluie filtrée. Des seaux fermés pour le petit lait.

Moyen et durée de stockage des PNPP

Pas de stockage. Les préparations sont préparées et utilisées sur le moment.

Élaboration de la préparation: Décoction.

Préparation sur la ferme: Oui

Origine de la plante ou des plantes : Cueillie à quelques kilomètres. Ne pousse pas sur la ferme.

État de la plante au moment de la fabrication: Sèche.

Objectif d’utilisation de la PNPP: Oidium ; surtout mildiou

Période(s) d’application de la préparation et nombres de passage: Du début de la saison jusqu’au mois de juin avant la période très sèche. 8 passages en 2021, en mélange avec cuivre ou soufre. Sauf en début de saison, une application avec du pissenlit et sans cuivre ni soufre si la pression mildiou n’est pas encore là.

Dilution de la préparation pour l’application: Entre 100g et 200g de plante sèche. La dilution dépend de la végétation : plus il y a de végétation plus il y a de dilution. En début de saison environ 15 litres puis 30, 45 et 100 litres avec le tracteur.

Autre(s) substance(s) / composants en mélange: Cuivre, soufre et savon (sauf quand il s’agit d’une application sans cuivre ou soufre) ou petit lait (jusqu'à 70% du liquide).

Zone(s) d'application : Foliaire et 1 ou 2 pulvérisations au sol en fin d’hiver avant débourrement.

Utilisation d‘équipements de protection: Masque, bonnet, combinaison, uniquement si traitement avec cuivre et/ou soufre.

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