9 février 2022 Eure Grandes cultures

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Le témoignage de Jean-Bernard, producteur de grandes cultures

Présentation

Département, région : Eure
Altitude de la ferme : 160 mètres

Le paysan : Jean-Bernard, chef d'exploitation
Age : 64 ans
Date d'installation : 1990

Les productions :

L’exploitation est en polycultures sur 90 hectares environ. Répartition pour la saison 2021-2022 :

Culture Surface (ha)
Blé 24
Colza d’hiver 12
Haies 1,3
Jachère 0,5
Lin textile 11
Orge d’hiver 10
Orge de printemps 9
Pois de printemps 10
Sorgho à grains 9
Tournesol 4

Les labels : Aucun
Les commercialisation : Les productions sont commercialisées en circuit long : coopérative et collecteur privé pour le lin textile.
Le nombre d'actif.ves : Un actif pour un 3/4 temps environ pour le travail agricole.

Le contexte pédo-climatique et sanitaire de l’exploitation

L’installation en 1990 s’est faite sur une ferme céréalière de 40 ha et avec un élevage de volaille en circuit court dont venait la majorité du revenu. La ferme s’est agrandie et l’élevage a été transmis. Passionné par l’agronomie et la culture intégré, Jean-Bernard a conservé la partie céréales. Ce sont des terres qui s’inscrivent dans un plateau céréalier étendu et ouvert. Il y a quelques bois mais en proportion assez faible. Les terres sont de limon moyen, d’environ 60 cm sur de l’argile. Ce sont des terres à potentiel moyen avec une difficulté de répartition des pluviométries. On compte environ 650 mm par an mais pas toujours très bien répartis. Il y a très souvent des manques d’eau au mois de juin. La pression sanitaire est surtout liés à la gestion des plantes non désirables : graminées (ray grass et vulpin). Il y a aussi une gestion difficile des oiseaux (pigeons et corbeaux) dont la présence se développe. Les gros gibiers sont aussi un problème.
L’exploitation est aujourd’hui sur deux sites distants de 15 kilomètres. Cela génère des difficultés dans l’organisation du travail, y compris dans la recherche d’un système agronomique global. Cela peut générer une systématisation des interventions car une fois qu’on est sur place on a tendance à vouloir intervenir pour ne pas avoir à revenir, même si ce n’est pas absolument nécessaire. La ferme est intégrée dans le réseau des fermes Dephy et en démarche agriculture intégrée depuis 2000. C’est une ferme qui a fait partie des 100 premières fermes Dephy qui ont apporté la preuve que réduire d’au moins 50 % des pesticides était possible.

Utilisation de pesticides, produits de biocontrôle ou autres produits

Herbicides et fongicides principalement.

Commentaires supplémentaires

Quand j’évoque mon temps de travail je n’évoque pas le temps que je passe à mon engagement en tant qu’agriculteur. Je pense au temps que je prends pour faire du partage d’information, vulgariser mon métier ou mes pratiques ou encore mon engagement syndical. Pour moi être agriculteur c’est aussi ça. Et j’ai développé la ferme qui me permet de faire ça aussi. C’est important pour moi de transmettre qu’il est possible de vivre sur une ferme avec des pratiques engagées, tout en ayant un temps de travail raisonnable.

Début de l’utilisation

Les pratiques PNPP sont arrivées assez tardivement. J’ai commencé à m’y intéresser il y a une dizaine d’années et à les utiliser il y a 3-4 ans.

Formations et informations

J’ai suivi des formations menées par les entreprises qui commercialisent des PNPP ainsi qu’avec l’Ardear. Ma formation passe aussi par beaucoup de lectures et d’échanges avec les agriculteurs.

Stratégie globale d’utilisation des PNPP

J’utilise les PNPP exclusivement pour traiter mes semences. Je les mouille avec. Et j’interviens avec des produits phytosanitaires de manière curative si besoin. De manière générale j’essaie de ne jamais intervenir avec un traitement phytosanitaire. Pour moi le meilleur produit, qu’il soit phytosanitaire ou PNPP, c’est le produit qu’on ne met pas. Utiliser un produit pour un problème génère des coûts de production qui nécessitent de faire de la production donc du volume. Avec mon approche d’agriculture intégrée, je mets en place tout un tas de pratiques qui viennent s’emboiter les unes avec les autres de manière à ce que ma plante se trouve dans les meilleures conditions possibles en fonction de l’année, du terroir, et de moi, l’agriculteur. Et si je dois intervenir j’interviens plutôt de manière curative avec de la chimie de synthèse.

Autres pratiques pour faire face à la pression sanitaire

Je mène une stratégie de suivi de mes cultures avec l’idée de les mettre dans les meilleures conditions. Je mène des rotations assez longues avec des espèces différentes voire des mélanges d’espèces. J’alterne des cultures d’hiver avec des cultures d’été. J’essaie d’avoir une couverture des sols la plus permanente et la plus efficiente possible. Pour les semis, je recherche les dates les plus pertinentes en les décalant. Concernant le travail du sol, j’interviens le moins possible en recherchant un effet négatif le plus limité possible sur la vie du sol. Je fais des petits labours, bien placé et non systématique. Ça m’est notamment utile au mois de janvier en alternative au glyphosate. Les haies sont la dernière brique à la construction de mon système. Je mène ses pratiques en visant un rendement « humble » ce qui me permet notamment de peu voire pas intervenir chimiquement. Depuis deux ans, je suis à moins de 1 IFT global (indice de fréquence de traitement). Pour moi, l’agriculture reste une artificialisation du sol. L’objectif est d’avoir le moins d’effet possible ce qui constitue un jeu de compromis pour mettre les sols et les cultures dans les meilleures conditions possible en intervenant le moins possible.

Perception de l’efficacité et améliorations ou échecs constatés avec les PNPP

J’ai essayé de mener des bandes témoin sur une année (avec pesticides, avec PNPP, sans traitement) mais je n’ai pu mener qu’une analyse empirique et n’ai pas constaté de différence. Je pense sincèrement que passer d’un traitement chimique aux PNPP pour mes semences a certainement un effet bénéfique. Cela a aussi un effet tranquillisant. Mettre les semences dans la terre sans rien du tout ne me rassure pas. Et ma tranquillité est importante. Je mets quelque chose en quoi je crois, sans que je le considère miraculeux. Pour moi c’est comme le traitement chimique, mais sans les effets négatifs.

Origine des préparations

Achetées / Origine commerciale.

Les substances et plantes utilisées

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Les modes de préparations utilisés

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Eau utilisée

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Temps passé à la fabrication et/ou l’utilisation des PNPP

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Matériel d’application

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Moyen et durée de stockage des plantes / substances

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Moyen et durée de stockage des PNPP

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